Nos lecteurs prennent la Plume

Publié le par equilibreen3D

Agriculture bio, agriculture écologique,
qu’est-ce que ça veut dire ?


Si je pose cette question, à laquelle les agriculteurs BIO se trouvent certainement confrontés, c’est qu’il me semble que les consommateurs, dont je fais partie, ont besoin d’être informés et éduqués à comprendre les différents sens de ces termes, et les differences de choix qu’ils impliquent. En effet, de plus en plus de gens, informés des dangers pour la santé de l’usage de produits chimiques dans la production alimentaire, voyant le nombre de maladies (allergies, cancers,…) se multiplier dans leur environnement immédiat, se tournent vers la BIO comme vers la panacée qui les protègera de la maladie tout en protégeant l’environnement.

 

Pour protéger notre santé et respecter notre environnement, est-ce-qu’il suffit de s’abstenir d’utiliser des engrais chimiques, des pesticides, herbicides, fongicides, et autres ‘cides’, vecteurs de Mort ?

Ou bien est-ce-qu’il nous faut revoir notre façon de nous relier au ‘Vivant’, en apprenant à connaître et à respecter l’équilibre et les cycles naturels de la terre, de la plante, et aussi de celles/ceux qui les cultivent et de celle/ceux qui les consomment ? Faire pousser des légumes sous serre pour pouvoir en avoir un peu plus tôt dans l’année, pourquoi pas. Mais si pour rentabiliser cette serre je dois faire dessous trois
saisons de cultures consécutives, où est le respect du cycle de la terre ?

Si nous désirons ‘consommer’ du BIO sans changer nos modes de fonctionnement en tant que consommateurs, si nous encourageons par nos comportements les agriculteurs qui ont fait le choix du BIO à devoir reproduire, pour s’en sortir économiquement, des modes de production intensifs, où est le respect des cycles de la terre, des plantes, et de ceux qui les cultivent ? Ce que nous appliquons à la terre, aux plantes, à notre environnement, c’est aussi ce que nous appliquons à nous-même, à notre humanité, au Vivant en nous-même.

On peut tout à fait s’approvisionner, au marché, sur les stands BIO, tout en reproduisant des comportements qui ne sont pas adaptés à une démarche écologique.

En achetant des légumes et des fruits hors saison, produits à l’autre bout du monde : notre organisme trouve les nutriments qui lui sont le mieux adaptés dans son environnement le plus proche, dans des organisme qui se sont développés dans les mêmes conditions environnementales et climatiques que celles dans lesquelles nous vivons.

en choisissant les fruits les plus gros, en laissant ceux qui sont un peu tâchés ou piqués : cette sélection tend vers la standardisation, vers l’uniformisation, vers le rejet de ce qui est different, ‘hors normes’, et ce comportement ‘normalisateur’ va se retrouver dans notre relation à nous même et aux autres.

en réclamant des ‘mini’ légumes, c’est à dire des légumes cueillis avant d’avoir atteint leur stade de plein développement et de maturité : la nature, la plante, ont préparé pour nous un cocktail d’éléments nutritifs, un élixir de vitalité, et nous les offre, nous demandant en échange un petit service : que nous disséminions ses semences. Mais si nous cueillons les légumes avant maturité, avant que la plante ait achevé de réaliser cette alchimie, avant que les semences soient formées, la plante en ressent un stress, et les légumes ainsi cueillis ne contiennent pas le cocktail de vitalité que la nature avait tenté de nous offrir.

Par nos comportements de consommateurs ou de consom’acteurs de notre vie, nous donnons une impulsion, une direction, nous créons le monde dans lequel nous allons vivre. Si par nos comportements nous incitons les agriculteurs BIO à suivre la même voie de productivisme, de sélection, de standardisation dans laquelle s’est fourvoyée l’agriculture chimique/industrielle, il y a des chances pour qu’on se retrouve dans peu de temps confrontés à des impasses similaires.

Ces réflexions ne se veulent que mon humble contribution à une réflexion collective. Merci à toutes celles et ceux qui contribuent à cette réflexion collective, à l’éveil collectif des consciences.

Frère Gilles, moine Zen,
en ‘retraite’ au Jardin de la Ratisse.


Publié dans Article des éco-echos

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